La tour de Babel !

Que ma vie de consultante-formatrice serait plus facile si tout le monde parlait la même langue, me suis-je dit après avoir animé un séminaire de trois jours sur le management de projet avec un groupe de 22 participants d’une même société, mais représentant 7 pays et parlant donc 7 langues différentes.
Mais d’un autre côté, quelle satisfaction que de constater, au bout d’une journée, qu’au lieu de nous séparer, ces différences linguistiques, ont permis d’illustrer très concrètement, à quel point il est important de soigner sa communication quand on cherche à établir et entretenir des relations de qualité entre acteurs d’un projet. La prise de conscience de chacun des participants, qu’au travers d’une langue, s’expriment une culture, des références, des valeurs et des rites, en a été renforcée.
Cette expérience de groupe multi-culturel, pourtant constitué de personnes au même métier, nous a enseigné de facto et in vivo :
ce que la notion de cadre de référence veut dire : les espagnols m’ont tutoyée dès les premières minutes de notre session et me faisaient la bise le 2ème jour pour me dire bonjour, alors que les maghrebins m’ont appelée Madame et m’ont vouvoyée pendant les 3 jours.
qu’il ne faut pas prendre pour acquis une pratique qui peut nous sembler « aller de soi » mais heurter quelqu’un d’une culture différente : les Italiens ont voulu prendre à plusieurs reprises des photos du groupe pour les montrer à leurs collègues ou leur famille à leur retour dans leur pays. La participante américaine a exprimé sa réserve et son besoin de s’assurer, avant d’accepter d’être sur la photo, que cette dernière ne serait pas publiée sur internet ou utilisée à d’autres fins
qu’il ne suffit pas de définir des règles du jeu communes, mais qu’il faut valider collectivement leur signification pour chacun d’entre nous : les anglais avaient compris que si une session est censée commencer à 9 heures il s’agit de 9 heures précises, les italiens eux pensaient qu’il fallait arriver vers 9 heures pour prendre le café et que nous ne commencerions que vers 9H15.
– qu’on a toujours intérêt avant de faire une blague de vérifier que nous partageons tous le même sens de l’humour et que ce dont on rit dans un pays n’est pas un sujet tabou dans un autre !
Elizabeth Gauthier

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